octobre 13, 2009

Eddy Mitchell : un génie méconnu


Cul Sec se livre aujourd’hui à une périlleuse archéologie musicale, du coté du territoire maudit des has-been et autres ringards que le tribunal de l’histoire et de la hype a irrémédiablement condamnés, ceux que JAMAIS vous n’oseriez écouter, de peur de devoir vous-même subir l’excommunication culturelle. 
Votre serviteur s’évertuera à faire éclater la frontière entre le « in » et le « out », l’alpha et l’oméga de l’auditeur frileux délaissant le goût de la culture pour la culture du « bon goût », cet immonde prêt-à-penser du conformisme mondain irriguant de ses évidences moyennes les conversations de cocktail.

Cet article est pour vous, qui ne vous êtes jamais demandé pourquoi vous vous flattiez d’aimer Gainsbourg – quel génie, n’est-ce pas – sans jamais avoir écouté L'Histoire de Melody Nelson ; pour vous, qui ignorez pourquoi vous êtes « plutôt nietzschéen » sans que votre connaissance de l’auteur ne dépasse les quatrièmes de couverture de Michel Onfray : pour vous tous, qui connaissez tout sans n’y connaître rien. 
Ainsi, loin des artifices de l’entre-soi mondain où la culture ne vaut que comme sésame, prenons le temps d’écouter l’inécoutable, un temps loin du diktat du goût moyen, pour y redécouvrir les merveilles oubliées de notre patrimoine. Cours de rattrapage, fermez votre Télérama et prenez des notes.



Aujourd’hui donc, première séance consacrée à Eddy Mitchell, chantre du rock français injustement boudé par les « connaisseurs ». Parfaitement.
Mais je vous vois venir.
J’imagine que votre connaissance du bonhomme se limite à quelque uns de ses titres les plus misérables tels que « Le cimetière des éléphants » ou « Couleur menthe à l’eau », et que vous vous sentez en bon droit, au vu de ces pièces à conviction, de ricaner niaisement à la simple évocation de son nom, pour vous associé à la pathétique image du vieux rocker français accroché à son anachronique rêve d’Amérique. Ou tout au plus vous vous autorisez à pousser la chansonnette sur un de ses tubes, complètement bourré le samedi soir, avec le « second degré » qui seul puisse expliquer qu’un homme de goût tel que vous puisse fréquenter ce genre de produit culturel déclassé.
Et bien sachez mes chers amis que Eddy Mitchell – parfaitement – a compté parmi les chanteurs les plus élégants des sixties françaises, et surclasse largement tous les ringards – cette fois authentiques – auxquels il se trouve fallacieusement associé.

Si Eddy Mitchell se fait bien connaitre du grand public au sein de la bande des crétins du Golf Drouot, les abominables « yéyés », il se détache rapidement du courant, sentant bien que sa destinée l’appelle vers des contrées moins fangeuses.

Première rupture en 1963 : Eddy rompt avec les Chaussettes Noires, son premier groupe, et se lance en solitaire. Sortie en 1965 de l’album Du Rock’n Roll au Rhythm’n Blues, dont le titre explicite annonce la vision nouvelle du chanteur. Fini les « Be Bop a lula » et autres « awop-bop-allubop-allop-pam-boom », Eddy à senti quelque chose : il faut cesser de singer Elvis, et faire du Rhythm’n Blues à la Française . Rien de moins. L’opus contient quelques belles tentatives, comme « Je ne veux pas le croire », très beau morceau de grande pop chiadée à l’ancienne, ou encore « Si tu n’étais pas mon frère », sorte de western-rock dynamité. On regrettera cependant l’interprétation encore trop blaguesque, qui dénote certaines difficultés à se démarquer de la variété. Mais la révolution est bel et bien en marche.

1967. Eddy Mitchell accouche enfin de son manifeste. De Londres à Memphis se place dans les bacs entre Adamo et Sheila, et nous livre une fournée de titres soul à la française qui sonnent comme autant d’anomalies alors que le «Comme d’habitude» de Claude François englue les ondes. Mais quelles anomalies parbleu! Il faut avoir écouté au moins une fois dans sa vie « Chacun pour soi », « Je n’avais pas signé de contrat »*, ou « Toi sans moi », avant de parler de l’indigence du rock hexagonal.
Tout ici dans les arrangements, le son, les paroles, la composition, fait mentir la prétendue différence quasi-ontologique entre les Anglo-Saxons et la France en matière de rock. Eddy Mitchell maîtrise parfaitement l’héritage des grands maîtres du genre, et s’offre en plus le luxe de le transfigurer en lui offrant une touche française pleine de raffinement. Quel type formidable! Pour finir, évoquons le climax, l’apogée de ce grand chanteur plein de panache.


Olympia 1969. Le must, l’absolu, la panacée. Un live époustouflant durant lequel Eddy donne aux titres de 1967 une dimension nouvelle. Plus rapide, plus soul, le lion rugit porté par de profondes lignes de basse dignes de la Tamla, une batterie frénétique et tabassante aux roulements orgiaques, et une section cuivre des plus élégantes. La variété et les « yéyés » sont loin, et Eddy Mitchell tutoie les plus grands.

Oui mais voilà. 
Les Français sont des porcs.

Le chanteur ne vend plus d’albums, le public n’a pas suivi. S’ensuit une traversée du désert, relativement courte puisque Eddy Mitchell regagnera le top 50 en 1974, avec des chansons cette fois taillées pour la FM. Il semblera ensuite avoir retenu la leçon, puisqu’il ne sortira plus que de la daube – ou peu s’en faut, qui s’écoulera à des centaines de milliers d’exemplaires. L’histoire oubliera les années 65-69, et Eddy Mitchell se verra consacré au panthéon des ringards. Grandeur et décadence d’un artiste perdu au pays de Johnny.

Vous sentez de lourds sanglots monter dans votre gorge, vous vous sentez coupables à présent d’avoir craché sur ce que votre médiocrité à contribué à créer, et vous avez raison. Allez donc racheter vos péchés, portez la bonne parole, et faites connaitre Eddy Mitchell, prophète incompris du rhythm’n'blues à la française.

En attendant, et pour vous élever définitivement jusqu'à la vérité éternelle, deux vidéos du Schmoll : "Chacun pour soi" extrait de l'album De Londres à Memphis, et "Toujours un coin qui me rappelle", titre archi connu mais jamais vraiment écouté, sublime adaptation du "(There's) Always Something There to Remind Me" de Burt Bacharach (la version de Mitchell est ma préférée). Amen.









*Titre dont une superbe reprise par un jeune groupe bourré de talent est disponible ici.


15 commentaires:

  1. terrible l'article rien à dire . t'es in

    Dr.

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  2. Cet article est scandaleux de mauvaise foi, puisqu'à aucun moment vous ne daignez évoquer les pratiques capillaires, pourtant fort condamnables, du gros Eddy.

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  3. Ni ne daignez avouer que votre attirance pour cet artiste de second rang est en partie due à sa troublante ressemblance avec votre père, jeune.

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  4. Ni ne daignez avouer que ses chansons sont de grosses merdes (en 1968 comme en 1995).

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  5. Alors là j'ai les glaouis qui chauffent.

    1. Imaginez vous monsieur Pierre, l'épreuve que peut représenter le fait de se soumettre au port de la banane quand on est roux, frisé, et quand on a le cheveux comme du foin? Votre remarque est indigne, voire obscène, moquez vous de la démarche des hémiplégiques tant que vous y êtes! Les pratiques capillaires d'Eddy (qui à connu une légère surcharge pondérale dans les années 80, il est vrai)sont pour moi au contraire une preuve de plus de sa ténacité et de son courage.

    2. Monsieur "Arnaud" (un des prénoms les plus laids qu'il m'a été donné de rencontrer soi dit en passant), je trouve votre remarque tout à fait déplacée et mesquine. En suivant votre idée, je pourrai évoquer votre sexualité indécise à la limite de la déviance pour expliquer votre attirance, plus qu'étrange, et musicalement injustifiable, pour un groupe comme Vampire Weekend.

    3. Monsieur "Anonyme", l'indigence de votre propos est pour moi le signe d'une grande pauvreté de caractère. Donnez moi au moins un argument venant étayer votre thèse, que je puisse vous démontrer que vous avez tort. Et ne blasphémez plus sur ma page je vous prie, vous tachez de votre bile mon billet, voué uniquement à vous élever un peu - la tache est ardue - hors de votre misère culturelle.

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  6. Eddy Mitchell presque 50 ans après est TOUJOURS là !

    C'est un FIDELE , UN VRAI, UN PUR !

    Bravo à lui

    EMC

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  7. article sympa, même si je pense que ce que vous aimez chez eddy c'est pas eddy c'est la musique sur laquelle on le fait chanter

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  8. Vous avez bien sur raison, mais que reste t-il d'Eddy sans sa musique, de Candeloro sans ses patins?

    J'aime une musique, mais indissociablement son incarnation mythique en la personne stylisée de "Eddy Mitchell".
    En tant qu'esthète, je défend ma position artificialiste. Au diable la vaine authenticité, le stérile naturel!

    Nous voulons des héros, capables de sublimer les passions, de renforcer la vie.

    Deux choses encore. La réelle collaboration entre Eddy et ses compositeurs successifs (Magenta, Papadiamandis, etc) font de lui bien plus qu'une marionnette manipulée par un producteur avide de succès (si ça avait du être le cas, on aurait préféré un beau gosse à la Johnny à ce rouquin au grand nez).
    Et écoutez la voix, les inflexions, le crooning irrésistible, les saccades soul, etc.

    La musique d'Eddy n'est rien sans Eddy. Je ne sais pas si on peut en dire autant de Bénabar (au hasard).

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  9. Oui oui, j'aime Eddy. Mais mon indéfectible amour en a pris un coup le jour où il est parti chanter auprès des soldats pendant la guerre du Golfe. C'est pire que de voir Lou Reed déguisé en petit vieux. J'aurais même préféré qu'il fasse de la pub pour le saucisson cochonou dans un supermarché voué à la démolition après un arrêté préfectoral. Cela n'enlève rien à son talent, je le concède, mais quand même, pourquoi est-ce que comment ?
    Chantal

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  10. Bonjour mon petit Julien! Je suis madame soleil! Souviens toi un beau jour de l'an 2005, tu as voulu composer le 3615 ulla mais tu t'es trompé de numéro et tu m'as confié, sans savoir que tu t'adressais à une voyante, que tu étais encore puceau et qu'une petite pipe te ferait le plus grand bien. Je te retrouve aujourd'hui sur ce blog de jeunes imberbes en mal de sensations fortes, et je suis triste de constater à travers ce baragouinage méprisant que tu n'as pas trouvé mocassin à ton grand pied d'adolescent. Et que la frustration te gagne de jours en jours. Le minitel n'étant plus à la page, tu peux toujours te masturber en écrivant sur ce blog, ou mieux pour la santé des lecteurs, trouver la blonde qui te fera chanceler. Cordialement, Mme Soleil

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  13. de toute façàn c'est de la merde

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  14. C'est par là qu'il aurait fallu commencer.

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