octobre 13, 2009

Petite ode aux Black Lips



Les Black Lips sont moches.
Ils viennent du fin fond de la Géorgie, un État miteux du sud des USA.
Ils n'ont probablement jamais lu un livre en entier de toute leur vie.
Ils sont particulièrement sales et n'hésitent pas à se pisser dans la bouche pendant leurs concerts.
Ils écrivent des chansons avec deux accords et un seul riff.
Ils jouent affreusement mal.
Ils chantent terriblement faux.
Ils n'ont même pas l'air sympa.

Malgré cela, il est absolument indispensable, il est même URGENT de télécharger leurs disques, de les écouter jusqu'à plus soif et de foncer les voir en concert, le 6 novembre à La Cigale par exemple, afin de subir un violent désanussage dont vous vous souviendrez longtemps.
Pourquoi ? Parce que les Black Lips ont réussi, par miracle, à préserver le chaos originel du rock'n'roll, cette flamme sacrée allumée par Elvis puis portée - avec quelle énergie ! - par tous les Stones, Count Five, Sonics, Monks et autres Seeds qui ont suivi, et que 95 % des groupes actuels ont perdue en chemin.

Écouter les Black Lips, c'est redécouvrir le plaisir stupide, bêtement pulsionnel, de taper du pied à chaque coup de grosse caisse sur "Elijah", le morceau couplet-calme/refrain-énervé le plus jouissif depuis "Rape Me" de Nirvana.
C'est ne pas pouvoir résister, au bout de 253 écoutes un peu coupables, à la force païenne qui agite les 2 minutes 40 de "Veni Vidi Vici", et c'est aussi interrompre net toute activité lorsque survient son refrain dévastateur.
C'est beugler ivre mort, à 4h du matin, les paroles parfaitement crétines de leur tube beatlesque "Dirty Hands".
C'est se sentir systématiquement ému par la suite d'accords de "Fairy Stories", pourtant déjà entendue cent fois ailleurs, mais aussi par les chœurs infernaux de "Sea Of Blasphemy" et la mélodie spaghetti de "Buried Alive".
C'est savoir à quel moment précis de leur album live Los Valientes del Mundo Nuevo, le chanteur lâche un rot.
C'est trouver marrantes les vidéos Youtube où on les voit jouer de la guitare avec leur bite.
C'est se demander comment on a pu écouter Radiohead à un moment de sa vie.
C'est croire, comme quand on avait 15 ans, que le rock restera à jamais la plus belle musique jamais créée.
C'est se sentir heureux qu'ils soient vivants.

C'est ne rien trouver de spécial à dire sur eux, sinon qu'ils "envoient la purée". En fait, aucun autre groupe ne se prête moins à l'intellectualisation que les Black Lips, toute tentative de théoriser leur musique ne pouvant que s'échouer, telle une merde, contre l'évidence de leur Toute-Puissance. On aurait beau leur trouver des dizaines de filiations (Standells, Kinks des débuts, 13th Floor Elevators), analyser leur son de guitare, ou étudier leurs choix capillaires, ça ne changerait rien.
Ces quatre mecs, ces quatre rednecks gavés de sous-culture américaine, ces gros beaufs dégénérés ont ce truc inexplicable que tous les autres n'ont pas : la grâce. Une grâce pleine de sueur, de pisse et de crachat, mais de la grâce quand même.

Ce qui fait d'eux, jusqu'à preuve du contraire, le meilleur groupe du monde.



10 commentaires:

  1. peut etre des morveux incultes, moches et degueulasses, mais ils connaissent Dutronc...

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  2. Ha ha ! Je profite de cette perche que vous me tendez pour vous révéler la sinistre vérité à propos de la chanson que vous évoquez ("Hippie Hippie Hourra", chantée par Dutronc et les Black Lips).

    Écoutez donc CECI au ralenti :
    http://www.youtube.com/watch?v=QGZO1UrlBT8&feature=related

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  3. ces jeunes garçons paraissaient nettement plus sincères (musicalement parlant) quand ils n'étaient pas encore chez vice records, label assimilé au magazine gonzo-poubelle du même nom.. c'est durant cette période fastueuse qu'ils enregistraient à la pelle des disques volontairement lo-fi.
    MAIS
    il y a un an, il y a eu cette hype, la chanson sur le cyclone, les disques ont été réédités, et maintenant ils nous sortent des trucs vachement prévisibles (le dernier album), un "faux" live dans lequel le chanteur lâche un rôt (toto) comme vous l'avez souligné....

    ces saloperies d'américains en short restent néanmoins hyper efficaces. good bad not evil est un album génial.

    à écouter, dans le même style : the king khan and bbq show.

    v.

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  4. Bah ! La hype, après tout, c'est de la quantité négligeable... Je les ai vus deux fois en live cette année. Les deux fois, ils ont joué devant tout ce que Paris compte de jeunes rebelles BCBG et de mini-Kate Moss toc et gloss... la crème de la crème, pas un seul péquenaud à l'horizon ! Pourtant leur concert était à chaque fois dantesque, violent, émouvant. Quant à leur dernier disque c'est une pure merveille,toujours lo-fi, toujours pop. Donc la thèse du groupe-sincère-pourri-par-le-succès, bof !

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  5. je sais pas si aller voir un concert où les mecs jouent n'importe comment volontairement est intéressant.. je me rappelle d'un groupe dijonnais qui subissait des remarques d'autres orchestres rock, tels les V******S et les L*****Y (nettement plus pop) :
    "la musique n'est pas une blague"
    "vous jouez n'importe comment des fois"
    "vous n'étiez pas en rythme".

    etc.
    alors bon.

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  6. cela dit, c'est vrai qu'on jouait comme des merdes. (des fois)

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  7. "nettement plus pop".ahahah.

    Une fois les L*****Y ont joué si fort que le sol en a tremblé. La terre avait eu un orgasme.

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  8. pardonnez moi mais les black lips c'est comme le café maxwell, une seule écoute suffit.

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  9. Qu'est-ce qui se passe une fois que vous avez écouté votre café maxwell? je ne vous suis pas M. anonyme.

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