décembre 17, 2009

Les dithyrambes du poivrot





J'aime l'alcool comme le chameau aime le désert, et l'hippocampe, le sel : passionnément, inconditionnellement, furieusement, fanatiquement !
Je préférerais mourir (et d'une cirrhose) plutôt que de vivre sobre.
C'est bien simple, je ne me sens vivant que lorsque je suis ivre mort.
Oui, je t'aime alcool ! Je veux embrasser ton goulot, et lécher le cul de tes bouteilles ! Tu arroses ma gorge, inondes mon intestin et tu irrigues ma verge de tes caresses d'urine d'amour !
Tu dilates ma rate, tu astiques mes zygomatiques et tu nécroses mon foie, car ton amour est passionné, c'est-à-dire mortel. Pour moi l'hygiène, c'est comme la fidélité, c'est l'ennui et c'est la mort ! Quand la vie sera saine nous mourrons tous d'ennui et il y aura plus de suicides que de morts du cancer du foie ! La sobriété tue, elle aussi, et bien plus sûrement que l'alcool.
Du reste un foie qui ne s'use pas, c'est comme un revolver qui reste dans son étui : un pur gâchis ! Moi si j'avais un flingue je descendrais dans la rue et je ferais un carnage ! Et bien avec mon foie je fais la même chose : un carnage ! Une hécatombe ! Chaque semaine je fais un génocide avec mes neurones, je troue ma cervelle comme un gruyère et je pourris mon sphincter d'une merde bien compacte !
Mon foie à présent c'est de la marmelade. Chaque semaine il m'implore, il me supplie de l'épargner, mais il n'y a pas de plaisir sans cruauté, je me fais une joie de le torturer, de le noyer dans des torrents de bière et des fleuves de whisky !
Sois cirrhosé foie absurde ! Je saurai bien te remplacer tôt ou tard par celui d'un petit Chilien, vendu à bon marché ! Et toi visage falot, recouvre ta pâleur par le rougeoiement joyeux de la couperose de l'alcoolique !
Le vin est plus joyeux que le foutre ! Qu'il remplisse tous les gosiers et abreuve toutes les cervelles : grises elles seront déjà moins pâles !
Je t'aime alcool ! Je veux écrire ton nom de mon vomi et chanter ta force par mes braillements !
Ah que de joies tu m'as fait éprouver ! Et quelles joies ! Les plus puissantes ! Les plus profondes ! Grâce à toi j'ai zigzagué dans le bonheur et titubé dans la jouissance pour enfin m'effondrer dans les ruisseaux de l'extase ! J'ai vomi grâce à toi tous les grumeaux de ma rancœur et j'ai pu éprouver l'amour universel.
Après tout Jésus-Christ lui aussi était un alcoolique, et tous les prophètes sont des ivrognes car toute ivresse est sainte, et toute murgeasse sacrée ! Au fond le seul vrai dieu reste Bacchus, cet oriental, et le culte que je lui voue est Ben Ladenien, Mahometesque, Sainte-Thérèsiaque !
Oui, la religion de Dionysos est la seule dont je ne manque jamais l'office. Pour elle je suis le croyant le plus zélé, le plus bigot, le plus dogmatique ! Je sacrifie chaque semaine mon foie sur son autel ! C'est la plus belle car la plus simple, elle n'est pas encombrée de morale absurde et de dogmes idiots. Elle ne s'est pas alourdie de commandements par dizaines, il n'y en a qu'un seul : enivrez vous ! Mais on est tenu de le respecter. C'est une religion sectaire, il y a une éthique de de l'éthylisme et que les pisse-froids soient damnés par tous les tourments mortels de la morosité !
Moi les abstèmes je les dégueule ! Les raisonnables, les couche-tôt, je leur chie en pleine gueule ! Ce sont eux qui rendent la vie intolérable de banalité ! Ils sont tellement fades qu'à voir leur tronche blanchâtre et à entendre leurs discours frigorifiques, il me prend l'envie de boire, pour oublier leur sale trogne !
Mais assez écrit, assez lu, assez parlé, tous les discours sur l'alcool ne vaudront jamais un verre de vin ! J'échange toute la littérature du monde contre une bouteille de villageoise !
Buvez ! Picolez ! Ribaudez ! Gobelotez ! Que les derrières de cravate soient tous humides ! Que les gueules soient murgées, les ripailles faites, le champagne sabré, les bouteilles asséchées et les minasses toutes collées ! Buvez ! Posez toutes les crêpes du monde pour que l'amour soit ivre !
Buvez ! Buvez ! Et cul sec ! Comme il se doit !

10 commentaires:

  1. Un éloge, somme toute, joyeusement flatteur pour un breuvage délicieux quoique parfois propice à certains manquements à la raison préjudiciables s'ils se font en compagnie de jolies femmes ou d'animaux sauvages.

    Guy Lardreau

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  2. Tout à fait, il en va du vin dans un gosier comme du foutre dans un urètre, comme ne le disait pas Thomas Gresham, la bonne monnaie chasse la mauvaise. Comme l'on se sent nourri dès lors que l'on en est plein. Comme ne le disait pas Arthur Laffer, les hauts taux font les bons totaux, pourvu qu'on soit en bonne compagnie, en effet...

    Daniel Bernoulli / Paradoxe de Saint-Petersbourg

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  3. Monsieur Germain,
    derrière ce discours piquant, on ne lit que trop facilement l'éloge de la lacheté. L'alcool, ce manteau de facilité, vous donne un courage artificiel, et la provocation qui va avec un semblant d'assurance surfait... Sans ces deux béquilles, je vous soupçonne d'être une petite chose rampante qui pleurniche en cherchant encore le sein de sa mère.
    Je saluerais néanmoins votre performance dans le sens où elle provoque directement, il est vrai, le troupeau des personnes esclaves d'un monstre froid.
    Mon jeune ami, tachez donc d'employer votre talent à la quête du véritable feu sacré qui vous permettra de séduire autre chose que de jeunes cuisses de passage.

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  4. "Je t'aime alcool ! Je veux écrire ton nom de mon vomi"

    mythique !


    François

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  5. Merci François.

    Quant à l'anonyme je lui ferai simmplement remarquer :
    _ qu'il est risible de donner des leçons de courage quand on n'ose pas signer ses propres commentaires
    _ que je pourrais parfaitement signer un éloge de la lâcheté, puisque je me toujours reconnu cette qualité et n'ai jamais aspiré à aucune forme de courage.

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  6. "Jeunes cuisses de passages"... ou vieilles cuisses de passage.

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  7. Monsieur Germain,
    Je ne doute pas de votre capacité à descendre plus bas que terre...
    Pour citer Nietzsche:
    "Pourquoi t'effrayes-tu ? - Il en est de l'homme comme de l'arbre.
    Plus il veut s'élever vers les hauteurs et la clarté, plus profondemment aussi ses racines s'enfoncent dans la terre, dans les ténèbres et l'abîme, -dans le mal ?"

    Et comme "l'arbre sur la montage", peut-être attendez-vous la foudre ?
    Mais il vous faudra encore chuter jusqu'à trouver le fond avant de pouvoir prendre de l'altitude.
    Mais si je prends la peine de relever votre prose c'est que je crains que vous aussi ne perdiez votre "plus haut espoir" et que "votre esprit ayant les aîles brisées, ne fasse que ramper et souille tout ce qu'il dévore."

    Un Ami bienveillant.

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  8. C'est dingue le nombre de types pédants qui traînent sur ce blog

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  9. Ils n'ont que ça à foutre ( contrairement à ce qu'ils avancent )

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  10. Sublime ! Bukowski n'a qu'à bien se tenir ! Bravissimo

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